Être ou avoir

Je m’étais dit qu’aujourd’hui, j’allais faire un article gai pour sortir de cette morosité ambiante. Je pensais vous parler un peu de moi, de ce blog que j’affectionne tellement. Et puis, non.

Le cœur n’y est pas.

Étrangement, j’ai la sensation d’avoir franchi un cap hier. Un cap dans l’indicible. Un sentiment bizarre de ventre qui se noue, d’angoisse qui vous étreint.

Bien sûr, je n’étais pas à Bruxelles, ni ma famille. Évidemment, personne dans mes amis n’a perdu la vie.

Mais la différence cette fois, c’est que l’un d’eux aurait pu, potentiellement, se trouver dans la rame. J’ai entendu et vu, en direct sur la télé belge, entourée d’amis belges, la bombe du métro. Nous étions devant notre écran lorsque la caméra a filmé cet homme en sang au sol. Il aurait pu être n’importe qui. C’était un homme sans visage. Une victime. Ça aurait pu être l’un d’eux : un de mes amis, une personne que j’ai croisée au hasard de mon parcours de vie.

J’avais, bien entendu, vécu très douloureusement Charlie Hebdo parce que les victimes, c’était des idoles de mon enfance pour certains. Mais je ne les connaissais pas.  C’était un petit bout de mes souvenirs qu’on avait faits tomber à coups de AK-47 et de cris de haine.

J’ai souffert terriblement, moralement, lors du 13 novembre, parce que c’était mon pays, ma culture qu’on avait fait taire en coupant la musique et le son des voix. Je ne me suis jamais sentie autant Française que loin de Paris et des miens.

Mais hier, j’ai encore grimpé une marche sur cette échelle de l’horreur qui est celle de l’éventualité de connaître un visage sur le trombinoscope des disparus…

bruxelles

Alors, bêtement, naïvement peut-être, je me dis que nous sommes cernés. Je me dis que notre vie prend une tournure différente, guerrière. La belligérance et la détermination de ces gens-là nous obligent aujourd’hui à prendre plus soin de nos proches.

Certains amis belges ont été étonnés, me disaient-ils, et touchés par la même, que je m’enquière que leur santé,  de leur sécurité, alors même qu’aujourd’hui on ne regarde plus que le groupe en oubliant la personne.

Ils veulent détruire, ils veulent tuer nos individualités en pensant nous formater, mais la multitude de ces actes va produire, je le maintiens, une cohésion encore plus forte, une envie et une soif de vie encore plus grandes. On regarde les gens, on les soutient, on ne regarde plus si le mort est belge, français, camerounais. On sait qu’un mort, c’est juste une victime injuste d’une hérésie de certains.

Nous perdrons des vies, nous avons déjà perdu nos innocences, nos insouciances. Mais ils perdront.

Ils perdront parce que nous allons redécouvrir l’Humanité et l’envie d’Être plutôt que d’Avoir. Nous finirons par mettre ce dernier au second plan parce que tout peut s’arrêter demain et que nous en prenons conscience plus que jamais.

Patrick Dewaere disait : « Je veux tout vivre plus vite pour mourir plus heureux ». Voilà ce que nous devons et allons apprendre à faire, nos enfants et nous.

Mais en attendant et non pour la première fois, mais j’aime à répéter certaines choses, même si l’on m’accuse de radoter (mon grand âge…) : je pense à vous mes amis, près ou loin de moi, ma famille, loin de moi, mes lecteurs : mes racines et mes ailes comme je dis souvent. Je pense à vous et vous demande de prendre soin de vous et de vivre malgré tout. De ne rien regretter.

Nous sommes ce que nous sommes. C’est à prendre ou à tuer, pour certains.

Mais mieux vaut mourir debout que vivre à genoux… Vous aurez reconnu l’auteur de cette phrase. On ne peut lui reprocher sa lâcheté.

Et proches ou moins proches, sachez surtout que je vous aime.

Signature Miss Plume

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Publié le 23 mars 2016, dans A la Une de Femme Actuelle - Hellocoton, L'actualité, et tagué , , , , , . Bookmarquez ce permalien. 8 Commentaires.

  1. Merci pour ces mots si touchants et si justes ! Prends bien soin de toi et des tiens… Bises

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  2. Nous sommes juste humains. Prends soin de toi et des tiens

    Bises

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  3. Nous aussi on t’aime. Merci pour ces mots. On a parfois l’impression qu’ils ne servent plus à rien. Et pourtant ils sont une lumière dans ces heures sombres. Grosses bises ma belle et douces pensées.

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  4. Prenez soin de vous, vous aussi et restez forte ♥ Restez vous-même surtout, vous êtes une belle personne.

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